Ce matin, j’ai rencontré un ange.
Il était si fragile, si doux que mon cœur a fondu… je me suis approchée pour m’asseoir à côté de lui, je me suis installée tout doucement, sans trop le regarder pour ne pas l’effrayer. Assis sur sa chaise, un peu haute pour lui, son corps légèrement de travers, il m’a regardée. A ce moment, je répondais à la petite fille, placée en face de nous, qui réclamait mon attention. Je me sentais gauche, je ne savais pas trop quoi faire : l’ange m’attirait mais la fille me happait, exigeait que je m’occupe d’elle. Après avoir répondu à sa demande, je me concentrai à nouveau sur mon petit voisin.Ma co-clown, elle aussi était aimantée par cet enfant ; elle s’approcha, s’accroupit près de lui. Au moment même où je me disais que c’était peut-être trop pour lui - un nez rouge à sa gauche, un nez rouge à sa droite -, mon ange se mit à pleurer. Mon regard croisa les yeux de ma co-clown et j’y lu le même sentiment. Qu’avions-nous fait ! Quel désastre avions-nous déclenché, nous les porteurs de joie, de tendresse et de poésie ! Nous nous sentions désolées, désemparées, impuissantes. L’éducatrice prit l’enfant dans ses bras et l’éloigna de nous en le consolant. Les monstres au nez rouge furent invitées par deux petites filles, qui refirent vivre nos clowns, leur rendirent la joie, la tendresse et la poésie.
Avions-nous brisé les ailes de notre ange ? C’était sans compter avec la magie du clown, car dans les bras « cocon » de l’éducatrice, comme un lutin, il nous observait. Il vit le jeu, les rires, les chatouilles et les papouilles avec les princesses. Et lui, en seigneur et bon prince, pointa sa joue du doigt et nous offrit son royaume. Tour à tour, deux nez rouges maladroits s’approchèrent et, sur sa peau délicate, déposèrent un bisou.
Et alors, la joie, la tendresse et la poésie remplirent tout l’espace…
Un ange passa …